C’est une phrase qui vous parle ? Cette impression que cette fois, c’est trop. Cette fois, on a trop mal. Ca fait trop longtemps, on a tout essayé. On en a déjà parlé, et on ne va pas mieux. On a déjà essayé et ça n’a pas marché. Et notre entourage ne nous comprend pas ou ne nous comprend plus. On se sent seul-e, on se sent désespéré-e. On ne sait plus quoi faire et surtout, on n’y croit plus.
La première erreur dans ce genre de situation c’est de croire qu’on est seul-e. Non, vous n’êtes pas seul-e. Il y a autour de vous des gens qui sont là pour vous. Votre famille peut-être, mais votre famille est parfois liée à votre problématique, ou se sent elle aussi démunie, ou vous a déjà donné tous les conseils du monde qui n’ont rien changé… Il y a aussi sûrement cet-te ami-e, que vous pouvez appeler pour aller boire un café, ou pour papoter. Et même si vous n’avez pas envie de parler, parce que vous en avez marre de vous plaindre que c’est toujours la même chose, que vous avez l’impression de l’embêter, de le saouler avec vos histoires, vous pouvez toujours l’écouter parler, lui demander des nouvelles de sa vie. Peut-être qu’il ou elle a des choses sympas à raconter. Prenez quelques instants et faites un tour dans votre liste de contacts sur votre téléphone. Même si vous n’êtes pas très proches… même si vous ne vous connaissez pas très bien, parfois c’est encore mieux. Et il y a aussi toujours le corps médical et paramédical. Votre médecin, un psy, un thérapeute, quelqu’un qui peut vous écouter, entendre vos mots et entendre vos silences, vous accompagner sur ce chemin, vous tracter parfois, vous pousser. Il y a TOUJOURS quelqu’un.
La deuxième erreur, c’est de croire qu’on a tout essayé. Et croyez-moi… moi aussi j’ai pu croire que j’avais tout essayé… Je vais vous parler de moi pour illustrer ce propos… A une époque de ma vie je vivais avec des douleurs en continu. De jour comme de nuit j’avais mal et mon médecin de l’époque m’avait dit « faut vous y habituer, vous ne guérirez jamais » .J’avais 30 ans. Espérance de vie moyenne de la femme : 86 ans. Il fallait que je tienne 56 ans dans cet état c’était HORS DE QUESTION !
Alors j’ai TOUT essayé : tous les kinés de l’île ( ou presque) ostéopathes, magnétiseurs, énergéticiens, guérisseurs, acuponcteurs, homéopathes, auriculothérapeutes, réflexologues et j’en passe. J’ai changé d’alimentation, pris tels ou tels compléments, arrêté le gluten, le lactose, le sucre, la viande… Je suis allée vois un psy, puis un autre, j’ai essayé tel sport puis tel autre, fait tels exercices tous les jours puis d’autres. Et ça, pendant des années ! A chaque fois j’y croyais, à chaque fois j’étais déçue. Car oui, il y avait bien parfois une petite amélioration, mais ça ne réglait jamais le problème. Et j’en avais marre. Marre de passer mon temps à chercher des solutions, de dépenser mon argent, marre d’être déçue. Et j’ai voulu abandonner mille fois. Non dix mille plutôt… Et un jour, je me suis rendue compte que j’allais mieux. J’avais trouvé un équilibre ( précaire au début, bancal même) avec plusieurs choses… le yoga, l’alimentation, le sport, la prise en charge kiné et médicale, et surtout des techniques d’hypnose et d’autohypnose. J’avais travaillé sur mes gros cadavres, fait du ménage dans mes placards, et… ça allait mieux. Suffisamment en tous cas pour que je puisse retrouver la force et l’envie d’y croire.
La troisième erreur, c’est de croire qu’on n’a plus de force et que donc on n’y arrivera plus. Il y a un proverbe qui dit « tant qu’il y a de la vie il y a de l’espoir » Ciel… j’ai horreur de ce proverbe! Le gars qui l’a inventé, il n’a jamais touché le fond ! Non, des fois, sérieusement, on n’a plus d’espoir, et pourtant on est en vie. C’est pas qu’on ne veut pas, c’est qu’on ne peut pas. Et si on ne peut pas, c’est parce qu’on est à bout de forces. Oui, nos ressources sont limitées. Oui on peut s’épuiser à combattre un démon, à lutter contre nos cadavres dans nos placards. Mais non, ce n’est pas une situation installée ni définitive. Les ressources ça se reconstitue, petit à petit. Comme un écureuil fait son stock de noisettes pour l’hiver, on peut faire notre stock pour nos hivers…
refaire ses réserves
Alors d’abord, d’abord … il faut se poser et se reposer. Et oui, même si vous êtes en arrêt de travail, même si ça fait des mois que vous ne faites rien d’autre que de vous reposer. Se poser et se reposer. Dormir, bien sûr, et se reconstituer.
Manger sainement : des fruits et légumes pour reconstituer nos stocks de vitamines et minéraux, des bonnes graisses ( les omégas 3 sont essentiels au bon fonctionnement de notre cerveau), des aliments à index glycémiques bas .
Boire de l’eau.
Respirer. ( Le yoga pour ça peut être très très très utile, n’hésitez pas à me contacter à ce propos si vous avez besoin de plus de renseignements)
Refaire ses réserves, son stock d’énergie. Se remplir de belles choses. Nourrir ses sens, TOUS ses sens. Et ainsi, chaque jour, se recharger : regarder quelque chose de beau, goûter quelque chose de savoureux, toucher quelque chose d’agréable, sentir un parfum qui nous comble, écouter un son qui nous apaise.
Et le faire de manière systématique, même si on n’en a pas envie. Même si ça parait stupide d’aller respirer une odeur de fleurs d’oranger tous les jours, c’est vrai quoi, à quoi ça va servir ? Eh bien, on le fait quand même … et on va jusqu’à tout noter dans un cahier…
Et on va refaire son stock aussi d’endorphine, de sérotonine, d’ocytocine et dopamine, les hormones du bonheur. Si c’est un peu artificiel au début, tant pis, ce n’est pas très grave. Au moins on remet en route le corps et ses aptitudes à le faire naturellement. Alors faites des calins à votre chien, chantez à tue tête, faites du sport pour monter le cardio, faites l’amour etc…
La quatrième erreur, c’est de croire qu’on est cassé-e.
Personnellement, je crois qu’on n’est jamais cassé-e. Je crois que bien sûr, on peut avoir des blessures, des félures. Mais je crois que ces blessures sont nos forces futures. J’aime beaucoup la métaphore du Kintsugi pour ça.
Le mot Kintsugi vient du japonais kin (or) et tsugi (jointure) et signifie littéralement jointure à l’or. Dans l’art du Kintsugi, lorsqu’un objet est brisé, on commence par rassembler les différents morceaux et on les nettoie soigneusement. Les morceaux sont ensuite recollés avec de la laque, sur laquelle on vient saupoudrer de l’or. C’est un processus qui peut être très long et qui nécessite de la patience et de la minutie, mais également d’aimer et de respecter chacun de ses morceaux, chacun de ses éclats. A la fin du processus, les fissures sont magnifiées, et l’objet retrouve une nouvelle beauté, et toute son utilité. La légende raconte qu’il y a bien longtemps, au Japon, un célèbre maitre de thé avait invité à diner chez lui l’empereur Sen no Rikyu. Pour l’honorer, le maitre de maison lui avait offert un vase de Chine très ancien et très précieux. L’empereur n’avait même pas daigner le regarder et s’était contenté de commenter le paysage et d’admirer le paysage environnant, les arbres et les fleurs, la danse des nuages dans le ciel. De rage et de frustration, l’hôte, au départ de l’empereur, avait violemment jeté le vase au sol, le brisant en plusieurs morceaux. Ses amis, plus éclairés, avaient alors réuni tous les éclats de ce vase et l’avaient réparé suivant l’art du Kintsugi. A sa visite suivante, Sen no Rikyu vit le vase, illuminé de ses cicatrices d’or, et s’exclama « Maintenant, il est magnifique ».
Pour finir, j’aimerais vous partager un texte d’un auteur que j’aime beaucoup. Les élèves qui pratiquent avec moi le yoga le connaissent bien aussi. Il s’agit de Jeff Foster. Je le pose là… lisez le… observez si ça vous parle, ou pas.
“Tu n’es jamais loin de la guérison, car la guérison n’est pas une destination. C’est davantage un souvenir ; une constante invitation. C’est comme le soleil ; toujours là, cependant caché parfois par des nuages innocents. Si tu te sens loin de la guérison, quand le doute fait rage, et la peine emplit ton être, et la douleur pique et brûle ; quand les joie d’hier te semblent si lointaines, et que le bonheur de demain n’est qu’un fantasme lointain; quand tu as l’impression de vivre la mauvaise vie, et que rien ne te semble possible, arrête-toi, juste pour un instant. Porte ton attention en dehors du passé et du futur. Invite la curiosité dans l’instant. Dans le corps, la respiration. Cette scène vivante. Ce jour, cette heure.
Ça ressemble à quoi d’être vivant, juste pour un instant ? Peux-tu sentir tes pieds sur la terre ? Peux-tu sentir ton ventre se soulever et retomber ?
Et si tu n’étais pas loin de la guérison ? Et si tu n’étais pas vraiment cassé ? Et si la guérison ÉTAIT la présence ? Ce sens intemporel d’être vivant ? Et si le futur était inconnu, et toutes tes peurs étaient dans ta tête ? Et si le soleil ne s’arrêtait pas de briller, même quand la tempête fait rage ?”
– Jeff Foster
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